:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :

Compétences numériques : les 5 défis des métropoles pour se muer en pépinières d’entreprises

Faire de la France une pépinière d’entreprises, tel est l’ambitieux projet lancé par Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique. Un projet qui se concrétise par la création d’un fonds de 200 millions d’euros pour permettre le développement d’accélérateurs d’entreprises un peu partout en France, et par un rapprochement avec la French Tech, la « communauté de tous ceux qui font le numérique en France ». Comment mettre en œuvre ce vaste chantier ? Au programme : des logiques territoriales d’innovation permettant d’identifier, mobiliser et développer les « champions » du territoire. Au cœur du sujet, demeure la difficulté de « produire » des compétences adaptées au numérique, débouchant sur les souvent discutées difficultés à recruter pour les entreprises du secteur.

Alors que 9 villes ont obtenu le label « French Tech » le 12 novembre dernier, retour sur ce que le Cahier des charges permettant l’octroi de ce label « Métropole French Tech » requiert en termes de compétences et formation dans les territoires.

1. « Produire » des compétences adaptées au numérique

Le digital accroît la difficulté pour les entreprises à se doter des compétences dont elles ont besoin. La réponse à ce défi passe notamment par le fait de développer une culture de l’employabilité, toujours dans une logique d’anticipation des métiers et compétences de demain. Pour les territoires souhaitant se labelliser French Tech, les compétences à « produire » sont à la fois « techniques (développement logiciel, community management voire de nouveaux métiers comme « data scientists ») mais aussi […] commerciales, de marketing ou de développement d’affaire spécifiques au secteur, ou encore par exemple des compétences en design, conception d’interface, etc. »

Lire aussi Entreprise et compétences numériques : soyons réalistes, anticipons l’imprévisible

2. Pouvoir répondre à l’« hypercroissance » des start-up

Pour une entreprise, s’ouvrir sur son territoire, « c’est une bonne façon de se développer via un meilleur accès au capital humain » comme l’explique Emilie Bourdu, co-auteure du rapport L’industrie jardinière du territoire. Ou comment les entreprises s’engagent dans le développement des compétences. Mais cela permet aussi aux entreprises « de mieux connaître l’ensemble des acteurs de la formation et de l’emploi, notamment publics, qui se sont de plus en plus déployés dans une logique territoriale [et] ainsi de collaborer avec ces acteurs dans des projets liés aux compétences [qu’elles] ne pourrai[ent] pas construire seu[les] » ajoute-t-elle. Et l’enjeu est de taille : les compétences « doivent être disponibles en nombre suffisant et mobilisables rapidement » pour faire face à des besoins de recrutement pouvant être très importants et sur des durées très courtes, la start-up pouvant se caractériser par des périodes de croissance extrêmement aigües.

Métropoles French Tech3. Former tôt aux besoins en compétences émergents

De cycle court, il en aussi question sur le volet « formation » : les compétences sont de plus en plus obsolètes ? Il faut pouvoir former à une vitesse adaptée au rythme des besoins des pionnières que sont les startups, « par exemple pour se maintenir à la pointe des technologies disponibles ». L’absence de formations adaptées est un véritable problème pour les entreprises, qu’elles soient d’ailleurs grandes, petites, numériques ou « traditionnelles ». Pour y remédier, la logique territoriale n’est pas nouvelle et celle d’anticipation des besoins et des compétences par la coopération des acteurs sur un territoire est bien connue. Déjà, des bassins d’emplois spécialisés, à l’instar de la métropole toulousaine où le dynamisme du secteur aéronautique porte le territoire, sont dans des logiques d’anticipation qui passent par la formation initiale mais aussi continue, dans le cadre d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) parfois territorialisée (et dès lors nommée GTEC).

4. Rassurer sur la capacité des start-up à créer des emplois « pérennes »

Toutes les entreprises ne peuvent pas être Google et jouir ainsi d’une grande popularité auprès des jeunes talents sortis des meilleures écoles. Comment rendre les start-up et PME, notamment en région, aussi attractives que Google, et aussi rassurantes qu’une grande entreprise ? Le cahier des charges évoque la « méconnaissance » ou encore le « risque perçu comme élevé par rapport à des sociétés plus établies » comme raisons principales d’une certaine désaffection des jeunes talents pour les start-up en région. C’est donc tout un travail de marque-employeur qui doit être effectué, ainsi que d’un marketing territorial auquel, précisément, ces nouveaux labels métropolitains ambitionnent de répondre… Car si la problématique de l’attractivité est commune à toutes les entreprises, les start-up et petites entreprises ont ceci de singulier qu’elles n’attirent qu’« une faible partie » des « pépites », ces hauts potentiels qui peuvent y voir une insécurité de l’emploi ou des possibilités d’évolution professionnelle réduites… Paradoxal, alors que les grandes entreprises, pour attirer les talents, empruntent de plus en plus les codes… de la start-up ?

Lire aussi Recruteurs cherchent « gens habitués à l’échec » pour réussir transformation numérique

5. Attirer les talents venus d’ailleurs

Véritable game changer pour les entreprises, la mobilité est également source d’attractivité pour les jeunes talents comme pour les cadres. Alors que ceux-ci plébiscitent clairement une expérience à l’international, comment les PME en croissance et les start-up peuvent se positionner sur un marché de l’emploi de plus en plus global ? Là encore c’est avant tout une question d’accompagnement et d’incitation. Les métropoles French Tech sont appelées à mettre en œuvre des politiques d’attractivité de talents venus d’autres régions, voire de l’étranger, mais également de centrer leurs recrutements sur des profils ayant connus « des parcours et des expériences diversifiées », notamment à l’international. Et un cercle vertueux est à enclencher : plus le territoire s’ouvrira à l’international, plus il attirera ces profils… et ainsi de suite.

***

FrenchTechÀ des logiques autrefois très centralisées et programmatiques se substituent des logiques d’innovation territoriale. Concrètement, pour les PME à forte croissance et les start-up, appartenir à un écosystème donne une visibilité, facilite l’accès au financement et renforce leur pouvoir d’attraction. Engagement, bonne gouvernance et coordination des acteurs publics et privées sur des territoires définis sont donc les ingrédients à mobiliser pour faire des métropoles et de leurs bassins d’emplois de véritables écosystèmes entrepreneuriaux. À condition de répondre à ce vaste défi des compétences…

Et en mettant en place « un ensemble coordonné d’actions favorisant l’accès et le développement des compétences au bénéfice des startups [en s’appuyant] en particulier sur des établissements de formation de recherche existants ou en projet », Lyon, Nantes, Rennes, Aix-Marseille, Lille, Grenoble, Bordeaux, Toulouse et Montpellier, parmi 15 villes candidates, sont ainsi devenues des « métropoles French Tech ». Avec un effet, local, sur la croissance et l’emploi ?

Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser