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Emploi : pourquoi l’Allemagne a mieux résisté pendant la crise

La crise financière mondiale a conduit l’Allemagne vers la récession la plus profonde de son histoire. Cependant, le marché allemand du travail a jusqu’à présent très bien résisté : comparés à la forte baisse de la croissance du PIB et à la situation qui a prévalu dans de nombreux autres pays, les niveaux de l’emploi et du chômage sont demeurés assez stables. Un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), intitulé « La sauvegarde de l’emploi en temps de crise – enseignements du cas allemand » (Safeguarding jobs in times of crisis – Lessons from the German experience), a exploré les causes de cette résilience du marché du travail en Allemagne. Ses enseignements sont fort instructifs.

Tout d’abord, la crise économique mondiale a atteint l’Allemagne alors que son marché du travail était en bonne santé, non seulement en raison de la robustesse de la croissance, mais aussi en raison de la modération salariale et des réformes du marché du travail, qui ont permis une croissance plus riche en emplois.

Source : « Safeguarding jobs in times of crisis – Lessons from the German experience »

Grâce à la tradition allemande de négociation en matière d’emploi, mais aussi d’un intérêt croissant à la concertation depuis que les entreprises ont été confrontées à des pénuries de talents lors de la dernière période d’expansion, la bonne situation des relations de travail a permis la coopération de tous les acteurs (entreprises, salariés et pouvoirs publics) dans le but de la préservation des emplois permanents. Par ailleurs, la protection de l’essentiel de la force de travail avait aussi été facilitée par la récente dérégulation des accords de travail temporaire, qui ont ajouté une source complémentaire de flexibilité aux possibilités d’ajustement dont bénéficient les entreprises.

Ainsi, si des suppressions d’emploi ont eu lieu, elles ont surtout affecté la force de travail temporaire –comme le montre la baisse d’activité des agences d’intérim. De plus, cette facilitation du recours à l’intérim par le gouvernement dès le début de la crise a constitué un signal politique et psychologique démontrant l’engagement de l’Etat à soutenir les entreprises dans leurs efforts en faveur du maintien de l’emploi.

Surtout, le rapport identifie la hausse du recours au labor hoarding (procédé par lequel les entreprises n’ajustent pas immédiatement leurs effectifs en cas de récession) parmi les causes majeures de la préservation de l’emploi en Allemagne pendant la crise. A ce titre, il est important de noter que, même s’il est évident que l’existence de pactes pour l’emploi a facilité l’usage de procédés de flexibilité interne, ce ne sont pas les politiques publiques qui ont poussé les entreprises à préserver les emplois plutôt que suivre les fluctuations de la demande ; comme le montre l’étude « Safeguarding jobs through labor hoarding in Germany », le labor hoarding vise surtout à s’assurer de la disponibilité des salariés qualifiés et expérimentés une fois la situation redressée.

Source : "Safeguarding jobs in times of crisis - Lessons from the German experience"

Ainsi, l’Allemagne passe aujourd’hui pour un championne de la flexibilité, comme le soulignait The Economist il y a peu : le labor hoarding est un procédé qui s’est révélé efficace et certains pensent que les entreprises françaises pourraient s’en inspirer, même si le contexte et la tradition de notre pays restent différents. D’une manière plus générale, l’exemple allemand constitue une base de travail qui doit continuer d’être discutée – comme ce sera le cas dans un prochain billet.

 

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