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Demain, tous employés de la Silicon Valley ? – Semaine de l’emploi #48

Grandeur et suffisance

« Longtemps elle nous a fait rêver avec ses garages, ses start-up, ses petits génies, son jargon geek et son côté cool. C’était la nouvelle frontière américaine, capable d’inventer des gadgets planétaires. » (Courrier International)

Couv_Google_Facebook_AppleLa  Silicon Valley n’est-elle plus cet Eldorado, ce mythe parfait de l’emploi du XXIème siècle ?  Le « 51ème Etat » ne ferait plus rêver : l’heure est au désenchantement, à l’évocation du « pire des mondes », dégradé par la suffisance affichée de ses jeunes entrepreneurs – au point qu’on imagine qu’ils remplacent « les financiers de Wall Street dans le rôle des méchants pour l’imagination populaire » – et ses « ambitions orwelliennes », inavouées ou maladroitement assumées :


Déchu ou non, le modèle de la Silicon Valley reste un archétype invoqué par ceux qui souhaitent souligner les bienfaits de la concentration des forces et de l’innovation porteuse d’emplois ou les nouvelles réalités de nos « économies de l’iPhone ». Faut-il multiplier les Silicon Valley en France ? Le débat de la clusterisation, déjà évoqué sur l’Atelier de l’emploi, n’est pas clos, mais la fascination qu’exerce « The Valley » ne s’éteint pas :




La (Silicon) Vallée du Rhône

C’est presque un paradoxe : au moment où la technopôle américaine essuie une vague de critiques rarement égalée, les territoires français n’ont peut-être jamais autant essayé de l’imiter. Sur France Inter (réécouter l’émission), les comparaisons vont bon train :


Pour l’éditorialiste Dominique Seux, Saint-Etienne fait partie des territoires modèles, qui « s’en tirent bien » grâce à la présence de plusieurs leaders mondiaux (Focal-JMlab, SNF Floerger) et, condition nécessaire, une activité diversifiée. C’est d’ailleurs à Saint-Etienne, ville industrielle excellence, a lancé un plan pour l’innovation dans les PME début novembre.

De l’innovation à l’emploi ? Avec aussi Grenoble et son campus Giant, « Silicon Valley à la française », et bien sûr Lyon et sa « Silicon Valley en bord de Saône », la région Rhône-Alpes affiche un taux de chômage des jeunes de 14%, plus de dix points sous la moyenne nationale, ce qui constitue, pour Dominique Seux, un« très bon indice de projection future, d’innovation et de dynamisme ». Le territoire rhônalpin fait ainsi office d’exemple français dans la fabrique de l’innovation, du nom de l’exposition qui s’est ouverte le 16 novembre sur les trois siècles de révolution industrielle dans la région…


> Lire : « Les 4 recettes lyonnaises pour l’emploi des jeunes » et le dossier spécial « Lyon, Rhône Alpes et les jeunes »

La Silicon Valley, tu l’aimes ou tu la largues

Les Rhônalpins ne sont pas les seuls : Jérémy Rifkin, portraitisé cette semaine par Libération, a remis son « Master Plan » pour la région Nord-Pas-de-Calais, disponible sur le site www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr. Un plan ambitieux :


Et dans le Grand Ouest aussi… Pendant que la Bretagne se veut terre d’accueil pour ex-entreprises de la Silicon Valley,« le premier vice-président de la région des Pays-de-la-Loire délégué au développement économique et à l’innovation […] en est à son troisième voyage d’études dans la Silicon Valley », écrit LibérationFlux de données, robotique, économie collaborative : la mission de 25 élus et chefs d’entreprise locaux compte bien faire « émerger des projets entre les acteurs des Pays-de-la-Loire et la Silicon Valley »


> Lire : Ces robots qui vont envahir nos PME et créer des emplois

L’Orléanais n’est pas en reste :


« Dans la grande compétition entre les nations, la France avec ses pesanteurs ne peut trouver sa place qu’en visant haut, en cultivant l’économie de l’innovation, l’excellence technologique et industrielle » : en se comparant – à outrance ? – avec la Silicon Valley, la France, écrit Pierre-Olivier Rouaud, n’est elle pas sur la bonne la bonne voie ?

Des « enclaves d’innovation » pour tous ?

Dans son livre The new geography of jobs, Enrico Moretti décrivait cette économie américaine où le seul employé américain qui touche physiquement l’iPhone dans son cycle de production, c’est le « livreur d’UPS » qui l’apporte au clientEn plein débat sur le potentiel d’emplois de la relocalisation de la production, Moretti affirmait lui aussi que le coeur du débat, plus que le « made in » national, est la capacité à innover : « pour rester prospère, une société doit continuer à grimper les échelons de l’innovation ».

Stop à la production, et place au « digital über alles » et aux clusters, ces « enclaves d’innovation » ? Attention, danger, juge Forbes : quand nos économies, devenues techno-centrées, requièrent des compétences que la majeure partie de la population n’a pas encore, le tout-Silicon Valley n’est pas encore à l’horizon… ni même un futur souhaitable :

« Il reste de l’activité ancrée dans des industries plus banales, comme l’énergie, la construction, l’industrie manufacturière et la logistique, qui offrent toujours des perspectives de mobilité sociale pour ceux qui ne sont pas allés à Harvard, le MIT ou Stanford. Ces industries emploient par ailleurs plus d’ingénieurs et de scientifiques que le secteur de l’information et la technologie… »

Industriels qui recrutent, dites-le !

> Crédit image – mrjorgen/Flickr (licence CC)
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