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Journée de mobilisation : comment réinventer l’apprentissage ?

Le maintien de l’objectif de 500 000 apprentis en 2017 par le gouvernement paraît de plus en plus ambitieux. Inatteignable ? L’année 2015 semble le confirmer : sur le premier trimestre, 24 375 contrats ont été conclus, selon les dernière statistiques du ministère du Travail. C’est 13% de moins qu’entre janvier et mars de l’année dernière, précise Les Echos, et risque de faire entrer la France dans une troisième année de recul de l’apprentissage.

Pour tenter d’enrayer la tendance, le Premier Ministre souhaite préparer la rentrée en inscrivant cette rencontre dans la continuité des Assises de l’apprentissage organisées en septembre dernier, entre « valorisation des pratiques innovantes mise en place par certaines régions » et « organisation de campagnes de promotion », a expliqué Matignon. En filigrane, des propositions et une question : comment réinventer l’apprentissage ?

> Lire aussi : La France peut-elle rattraper son retard ?

Pourquoi l’apprentissage a-t-il pris du retard en France ?

Image apprentissage - JOC

  • Réglementation et contraintes administratives : selon la même étude, les entreprises pointent du doigt le cadre de réglementation relative à la protection des jeunes travailleurs (57%) ainsi que les contraintes administratives jugées trop lourdes (55%). Ce besoin de simplification est souligné par plusieurs acteurs : « Les entreprises artisanales emploient à elles seules 75% des apprentis », rappelle Alain Rousset, président de l’Association des Régions de France (ARF), la constitution du dossier d’apprentissage, le recensement des outils auprès de l’inspection du travail lorsque l’apprenti a moins de 16 ans auparavant soumis à des processus complexes qui viennent tout juste d’être simplifiés, « Cela représente un mois et demi de travail pour moi », explique Jean-Philippe Dubiquet, chef d’entreprise et plâtrier à Cambrai au Figaro.
  • L’image : si les entreprises considèrent à la quasi-unanimité que l’apprentissage facilite l’insertion professionnelle des jeunes (96%), l’apprentissage a longtemps pâti d’une image négative auprès des jeunes, « une voie de seconde zone », selon Stéphane Haar, président national de Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Aujourd’hui, alors qu’ils sont 67% à plébisciter l’apprentissage comme outil pour favoriser l’employabilité, les jeunes ont, paradoxalement, de plus en plus de mal à trouver des contrats d’apprentissage.

> Lire aussi : Apprentissage : le mépris français

Des propositions pour changer l’offre d’apprentissage

Le constat général ? La nécessité de raccourcir la durée des formations, d’améliorer la souplesse des dispositifs et de renouveler l’offre d’apprentissage. Sur ces points, les propositions se multiplient, entre l’UPA (Union Professionnelle Artisanale), qui plaide pour davantage de souplesse par l’augmentation de la durée de la période d’essai, et l’ARF, qui milite, notamment, pour une réforme du Bac Pro préparé via l’alternance, qu’il juge trop long. L’Institut Montaigne a, lui aussi, ajouter son grain de sel en plébiscitant le modèle allemand.

Chômage-des-jeunes-allemands-et-françaisDe 21% en 2005 à 24,8% en 2013, le chômage des jeunes en France continue son inexorable progression. En Allemagne ? Sur la même période, les chiffres sont passé de 15,4 à 7,8%… Réalisée par l’économiste Bertrand Martinot, une étude de l’Institut Montaigne et l’Asmep-ETI voit dans ces chiffres la réussite de la politique d’apprentissage Outre-Rhin : 16 % des jeunes de 15 à 24 ans y sont apprentis, contre 5,2 % en France. Depuis les années 90, l’Allemagne a compté un nombre stable entre 1,5 et 1,7 millions d’apprentis.

Intitulé « L’apprentissage : un vaccin contre le chômage des jeunes », le rapport insiste sur le lien étroit entre apprentissage et emploi, qui serait attesté dans d’autres pays européens:

Emploi-et-alternanceL’étude plaide pour que la France s’inspire de la place occupée par l’apprentissage dans le modèle allemand de formation et d’accès à l’emploi. Les jeunes apprentis y bénéficieraient d’un système plus porteur et valorisé qu’en France, et pour cause : les apprentis y ont accès à des métiers plus diversifiés, à des qualification intermédiaires et, ainsi, à un spectre plus large d’entreprises, des PME aux grands groupes. Là où les apprentis français sont souvent cantonnés aux TPE….

> Lire aussi : L’apprentissage en intérim devient possible

Si, en France, l’apprentissage n’est utilisé qu’aux deux extrémités (CAP d’un côté, enseignement supérieur, de l’autre) en Allemagne, l’apprentissage porte sur des qualifications intermédiaires, équivalent du bac professionnel français que l’Institut Montaigne propose de réformer :

Système-éducatif-allemandLes 15 propositions du rapport ne font pas dans la demi-mesure pour redresser la situation, et l’on peut notamment citer les suivantes :

  • Développer une filière de pré-apprentissage au sein-même du collège (dès 14 ans)
  • Remplacer  les lycées professionnels par des centres de formation d’apprentis (CFA).
  • Transférer aux régions la gestion des enseignants des lycées professionnels
  • Regrouper les aides à l’embauche des apprentis pour les concentrer sur les jeunes les plus en difficultés (et les réduire pour les apprentis issus de l’enseignement supérieur)

Sur ce dernier point, Bertrand Martinot estime qu’une nouvelle organisation primerait sur de nouvelles subventions : il souligne que la dépense publique par apprenti est environ trois fois plus forte en France qu’en Allemagne: 9487€ par an et par apprenti contre 3100€.

Simplification, professionnalisation, expérience : les propositions de l’Institut Montaigne s’inscrivent dans une dynamique qui favorise la mise en adéquation entre les compétences et les besoins des entreprise. « Du dogme de la reconnaissance du diplôme à l’émergence du savoir-faire, il n’y a qu’un pas ! », soulignait Alain Roumilhac dans une tribune publiée dans Le Monde. Les entreprises ont leur rôle à jouer : le « Contrat Première Chance » mis en place par Proservia, l’entreprise de services du numérique filiale de ManpowerGroup, « permet à des jeunes non qualifiés d’accéder à un emploi dans l’informatique grâce à des formations certifiées, à des process de tutorat et à un accompagnement sur le terrain ».

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