On identifie en fait souvent mal la nature de ces transformations. Les innovations « de rupture » sont plus rares qu’on ne le croit : plutôt qu’un big-bang, fugace et radical, c’est l’image d’ondes de choc, subtiles, successives, plurielles, que je retiens.

Toutes les entreprises sont amenées à se (re)poser la question de leur identité, de leur « proposition de valeur », de leur capacité à digérer – et, mieux, anticiper – les ondes de choc. Et toutes perçoivent déjà le défi majeur rencontré par les entreprises IT d’aujourd’hui : les compétences.

Que fait ainsi Tesco, premier employeur britannique, qui vient d’annoncer ses premières pertes en 20 ans ? Le leader de la grande distribution défie tout d’abord sa propre inertie : il crée un lab d’innovation interne réunissant chercheurs, développeurs et designers d’expérience-client pour se saisir de l’Internet des objets et des wearables technologies. Il se rapproche, ensuite, de la communauté tech londonienne et lance un projet de mentorat pour attirer les talents numériques et former aux compétences de pointe qui lui manquent pour devenir, ce qui est son projet, une authentique tech company. Il promeut enfin en interne les vertus du numérique, en l’incarnant par un chief officer dédié, et en déployant des programmes de formation personnalisés et ciblés sur le « potentiel ».

Un quart des entreprises françaises déclarent chercher de nouvelles compétences, et la récente enquête Pénuries de talents de ManpowerGroup révélait que les difficultés de recrutement touchent plus d’un tiers des employeurs dans le monde, les développeurs étant le premier profil impacté dans l’IT. Mais les projets de transformation numérique des entreprises dépassent, on le voit, la « guerre » de l’attractivité : management « par la confiance », agilité organisationnelle, travail en mode projets, apprentissage permanent, internationalisation assumée, les tech companies en herbe amorcent une profonde révolution du travail. Soyons prêts !

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