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Éthique et intelligence artificielle dans l’entreprise : Platon contre les machines ?

Digitalisation, robotisation, algorithmisation, intelligence artificielle… L’entreprise de demain se dévoile chaque jour un peu plus au fil des évolutions technologiques. La réflexion quant aux usages rendus possibles grâce à ces évolutions et, plus largement, à leurs impacts, poussent les entreprises à se questionner sans cesse sur ce qui s’avère, sans conteste, hautement stratégique.

Appliquer le droit à l’oubli : un philosophe au secours de Google

useyourbrainDepuis un récent arrêt de la Commission Européenne, Google est par exemple tenu de mettre en oeuvre le droit à l’oubli sur son moteur de recherche. Supprimer donc, à la demande d’un utilisateur, tous liens jugés « inappropriés, hors de propos ou obsolètes ».

Rien d’automatique cependant : l’arrêt réserve à Google le droit de juger de la légitimité d’une demande, en décidant en particulier si le lien incriminé porte atteinte à la vie privée d’un internaute ou s’il est plutôt du ressort du droit à l’information du public. Et la frontière est parfois mince…

Pour naviguer au mieux dans ces « eaux troubles », le géant américain a décidé de mettre en place un comité consultatif composé de sept personnalités. Et parmi elles… un philosophe spécialiste de l’éthique, Luciano Floridi.

Simple coup de communication ? Pas vraiment : l’ancien directeur de l’ingénierie de la firme de Mountain View, Damon Horowitz, possédait un doctorat en philosophie. Et celui qui lui a succédé n’est autre que… Ray Kurzweil, l’un des théoriciens du « transhumanisme », chargé précisément de défricher auprès de Google ce champ des possibles induit par ce courant philosophique controversé.

> Lire aussi : Ray Kurzweil et les compétences : Quand former ne suffira plus… Demain, l’entreprise capacitante ?

Demain, une éthique de l’intelligence artificielle pour l’entreprise ?

De manière générale, l’éthique a toujours fait partie de la réflexion que l’entreprise porte sur elle-même, son marché, ses produits, ses actions ou encore son futur. Avec, à la clé, des bénéfices financiers pour certaines d’entre elles.

Mais demain, l’intelligence artificielle fera entrer définitivement l’éthique dans l’entreprise… Et avec elle, une armée de spécialistes de l’éthique ? La question touche le coeur de l’organisation de l’entreprise : selon un récent sondage, 77% des employés britanniques souhaiteraient déjà un rapprochement de la DRH avec les départements de déontologie ou d’éthique commerciale, lorsque ceux-ci existent.

(Re)lire Platon

De fait, l’intelligence artificielle entre de plain pied dans le monde de l’entreprise. Dès aujourd’hui, un robot (« VITAL », une « intelligence programmée ») siège déjà au conseil d’administration d’une entreprise à Hong-Kong, et le programme Eugene Goostman a fait croire dans un premier temps que le mythique test de Turing avait été passé par un ordinateur, en réussissant à se faire passer pour un adolescent de 13 ans. Plus crucialement, bien au-delà de l’esprit de conquête futuriste de Google, l’intelligence artificielle s’immisce progressivement dans tous les secteurs : l’éducation et le médical, mais aussi le retail, la ville intelligente ou les systèmes de sécurité en ligne…

Plus que le seul monde de l’entreprise, c’est notre mode de vie tout entier qui peut en être chamboulé. Et il est temps de donner à l' »IA » sa dimension éthique, commentait récemment le Financial Times. De quoi appeler les philosophes à la rescousse dans l’entreprise ? Selon le quotidien britannique, les innovateurs devraient, à défaut de s’entourer d’experts en éthique, relire Platon (ou l’imaginer converser avec un ingénieur de Google) et réfléchir au classique dilemme du tramway à la sauce Google car

Les « droits du robot » appliqués à l’entreprise, nouveau débouché pour les apprentis philosophes ? Après tout, un quart des philosophes diplômés d’Oxford se dirige déjà vers le management. À défaut, les recruteurs ont depuis quelques années déjà mis à leur agenda la recherche de profils développant des bonnes compétences en « pensée critique ». Et, plus généralement, des soft skills qui dépassent la seule expertise technique d’un métier.

Crédit image : A Health Blog & pocarles / Flickr / CC
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