Publié le 6 décembre 2013

"On s'y attendait". La réaction du ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, au léger recul des résultats scolaires français et à l'accroissement des inégalités (le nombre d'élèves les moins performants a globalement augmenté de 5,7%), oscille entre confirmation d'un constat connu et engagement pour l'action. Si les constats divergent, les très nombreuses réactions à la publication de l'enquête PISA insistent sur l'impression de déclassement et la nécessité d'en faire un "électrochoc", avec l'"’impérieuse nécessité de repenser de fond en comble la manière de réduire ces inégalités" (Béatrice Copper-Royer).

> Lire aussi : La machine à trier : comment la France divise (toujours plus) sa jeunesse




Pour certains, le déclassement est même généralisé :


La lecture des résultats est parfois plus nuancée, à l'image d'Arnaud Gonzague, qui invite à éviter les "idées reçues" et insiste sur le fait que l'enquête PISA juge non la "la quantité de connaissances acquises" mais les "compétences".

De la fracture mathématique à une fracture de l'emploi ?

L'accroissement des inégalités en "compétences" mathématiques (voir la visualisation du ministère, ci-dessous) peut-il aboutir à un accroissement des inégalités en termes d'accès à l'emploi ? Le rapport PISA le laisse à penser :

"Le niveau de compétence en mathématiques est une variable prédictive probante de l’évolution des jeunes adultes ; il influe sur leur faculté de suivre des études post-secondaires et sur leurs perspectives financières une fois dans la vie active."

PISA - Inégalités à l'école

Et ajoute : "De piètres compétences en mathématiques limitent sérieusement l’accès des individus à des emplois plus gratifiants et plus rémunérateurs". Dans une autre enquête publiée à l'automne, l'OCDE prévenait déjà : les mathématiques, et plus encore le traitement de l'information, sont de plus en plus importantes pour trouver un emploi aujourd'hui.

> Voir : Le bilan de l'enquête PIAAC : la bosse des maths aide-t-elle à trouver du travail ?

Autre inquiétude, le décrochage français engrangerait aussi un retard dans la réinvention (par le numérique) de son modèle éducatif :


Pour Guy Mamou-Mani, plus que le niveau scolaire à proprement parler, c'est ainsi l'urgence d'une autre "grande ambition nationale" que le classement PISA fait aussi voir :

Les premiers de la classe

PISA Etats-Unis
Alors que l'inquiétude du déclassement gagne aussi les Etats-Unis, les regards se tournent vers l'Est :


Le modèle nordique, lui aussi sérieusement écorné, note The Economistn'est donc plus la référence :
Finlande - Chine - PISA

... Mais la clé du succès aurait ses contreparties :


> Voir le flux des réactions au rapport PISA : 


> Tous les résultats de l'enquête PISA 2012 en français (pdf) ou via le slideshare :

> Crédit image : Schplook/Flickr (licence CC)