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TaskRabbit ou l’emploi à la demande : les promesses (déçues) du futur du travail ?

Dans la lignée d’Uber, AirBnb, BlaBlaCar ou GetAround, TaskRabbit compte remettre l’humain, les contacts de personne à personne et la confiance au cœur des processus commerciaux. Cette start-up de l’économie du partage s’attelle cette fois-ci au monde du travail, avec un principe simple : faciliter le lien entre des employeurs – souvent des particuliers – en manque de temps et d’autres personnes disponibles, en quête d’activités rémunératrices.

Ce que TaskRabbit promet ? Plus de souplesse et désintermédiation dans la mise en relation entre besoins ponctuels de « tâches » et main-d’œuvre souhaitant les accomplir.

Le Uber de l’emploi ?

A la manière d’Uber, qui met directement en contact les chauffeurs de taxi et leurs clients, TaskRabbit, en véritable plateforme d’emploi peer-to-peer, de pair à pair, permet à tout nouvel inscrit de choisir une catégorie de tâches qu’il souhaiterait effectuer. Quatre grands types d’activités regroupent l’ensemble des offres postées en ligne : livraison, assemblage de meubles, réparation ponctuelle et ménage à domicile. D’autres types d’offres se trouvent néanmoins sur le site : des tâches parfois plus qualifiées à celles les plus inattendues. Ainsi en 2012, 350 personnes ont été engagées via TaskRabbit par des aspirants possesseurs de l’iPhone 5 pour alimenter les files d’attente des Apple Store de San Francisco et New York lors de la sortie du smartphone.

 

TR3Un outil de localisation permet par la suite au postulant de voir apparaître trois profils différents de personnes ayant besoin de ses services dans un rayon prédéterminé. Il peut alors effectuer son choix, en fonction des taux horaires proposés par chacun d’entre eux, et décider de les contacter via messagerie instantanée. Une fois sa mission réalisée, il recevra une rétribution via le site, sur laquelle TaskRabbit touchera une commission.

Face à ce modèle mêlant promesses de désintermédiation, de matching (adéquation offre/demande) et d’hyper-flexibilité, beaucoup de postulants se trouvent néanmoins dans une situation délicate : la compétition accrue constatée sur ce site, notamment due au nombre d’offres postées largement inférieur au nombre d’inscrits, condamne certains d’entre eux à passer la majeure partie de leur temps les yeux rivés sur l’écran de leur smartphone, à la recherche de l’offre idéale. Un saut, difficile, dans l’activité.

Particuliers et entreprises, même combat

En quête de nouvelles perspectives de développement, TaskRabbit a souhaité répondre à un défi supplémentaire : faire de sa plateforme un outil non seulement utilisable par les particuliers mais également par les entreprises, pour répondre à leurs besoins ponctuels de main d’œuvre supplémentaire. Cette tentative s’est cependant soldée par un demi-échec, la fonctionnalité TaskRabbit for Business n’ayant eu qu’une durée de vie très limitée.

L’entreprise de Leah Busque n’a toutefois pas fermé ses portes aux employeurs – et notamment jeunes entrepreneurs et start-ups – désireux de recruter à la demande : 40% de son chiffre d’affaires provenait début 2014 de clients « professionnels ». Particuliers et entreprises se côtoient donc sur cette plateforme, à la recherche du même type d’employés, et sans différence de statut apparente.

Quand la sharing economy se fait gig economy

Si TaskRabbit est présenté comme le site de l’économie à la demande de demain, il suscite néanmoins de nombreuses critiques, parfois virulentes, s’attachant le plus souvent à la faible qualification des emplois proposés, à la baisse générale des salaires observable sur le site suite à une modification récente du système de matching, voire à la corvéabilité à merci des postulants. Consommation collaborative ou économie du petit boulot (gig economy), les ambigüités des promesses de TaskRabbit rejoignent les grandes interrogations liées à ladite « économie du partage ».

Cependant, la mission que se donne TaskRabbit pourrait bel et bien être un signe avant-coureur des défis attenant à un monde du travail, tel qu’il tendrait à se dessiner, dans lequel l’emploi salarié devient minoritaire.

> Lire aussi Denis Pennel « Nous vivons moins une crise de l’emploi qu’une mutation du travail »

Ou quand le choix d’une flexibilité responsable, c’est-à-dire la sécurisation de parcours professionnels amenés à être moins linéaires qu’auparavant, devra pouvoir s’opérer. Dans un monde du travail qui n’a jamais autant fait place aux freelances, missions ponctuelles et autres contributions irrégulières, « en mode projet », une régulation et une sécurisation des parcours sont nécessaires pour éviter une trop importante atomisation de l’emploi. Reste ainsi à se tourner vers la protection, non plus d’emplois, mais bien de personnes : c’était, dans le cas de l’intérim, tout l’objet de la création d’un CDI intérimaire.

Crédits image: Captures d’écran de la page d’accueil de TaskRabbit 

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