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Pénurie de talents 2015 : zoom sur les chauffeurs-livreurs

Faillite de Mory Global, concurrence des pays de l’Est, libéralisation du marché du transport, l’actualité récente du transport routier de marchandises est ponctuée par des cessations d’activité et des grèves, en janvier dernier. Cependant, certains secteurs du transport ont annoncé d’importants besoins de recrutement pour les prochains mois et éprouvent des difficultés pour les satisfaire.

Ce paradoxe s’explique par le boom de la petite messagerie, des transports sur de plus courtes distances, et qui répondent de plus en plus aux tendances de la consommation. En filigrane, c’est la santé de tout un secteur qui semble en passe de s’améliorer.

Transport routier : une pénurie masquée par la crise

PENTAX ImageComment expliquer que le manque de main d’œuvre dans le transport routier n’ait pas été signalé avant ? « La crise [a masqué] les effets de ce qui serait observable en période de croissance« , explique Florence Berthelot, vice-présidente du comité de liaison TRM auprès de la délégation de l’Union Internationale des Transports Routiers (IRU) à Bruxelles. Maintenant que le secteur montre des signes de reprise, les difficultés de recrutement se ressentent aujourd’hui avec acuité. Pour preuve, le métier de chauffeur passe de la 10eme à la 2eme place des métiers les plus pénuriques, selon l’enquête 2015 Pénurie de Talents.

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La progression de l’emploi intérimaire nous éclaire sur les conditions de cette reprise. Prescripteur de tendance en termes de recrutement, ce dernier connaît une progression dans le secteur de +7,3% en février dernier. Une augmentation qui poursuit la hausse de 9,9% constatée au dernier trimestre 2014.Le dernier Bilan Social annuel du transport routier de marchandises montre en effet que la baisse des effectifs salariés du transport routier de fret élargi est minime (-0,1 %) et plus faible que dans l’ensemble des secteurs marchands (- 0,5 %). Et si « le nombre de salariés recule dans les transports routiers interurbains et la location de camions avec chauffeur (…) il est [à l’inverse] de nouveau en hausse dans le transport routier de proximité, atteignant son niveau le plus élevé de la décennie », souligne le rapport.

Une reprise dans le transport routier, donc, particulièrement sensible dans le transport de proximité, ou « petite messagerie ».

Petite messagerie : le transport de proximité se porte bien

4917422691_8dfffffdf4_bL’essor du e-commerce et des services à la demande soutient la croissance du secteur. Le secteur de la petite messagerie, en particulier de la messagerie rapide et express, qui profite de l’augmentation des achats sur internet et d’une réglementation plus souple, connaît la meilleure croissance. « Le e-commerce représente aujourd’hui un envoi sur quatre en France, il devrait peser 27 % en fin d’année et un tiers en 2016 », souligne Michel Akavi, PDG de la filiale française de DHL. Une progression qui pousse les entreprises à se réorganiser. Services « on demand », entreposage et stockage en zone urbaine, voire même dans le futur un accès aux imprimantes 3D, sont autant de services à valeur ajoutée que les entreprises proposent à leurs clients, qu’ils soient particuliers ou professionnels.

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En France, le transport de proximité représente 19.200 entreprises, 45.000 véhicules et 56.000 personnes en action. Composé d’entreprises locales, régionales, nationales ou internationales comme UPS ou DHL, le secteur est tout de même constitué en grande majorité de PME et TPE. Avec un chiffre d’affaires de 4 milliards d’Euros il est, sans conteste, une composante forte du Transport routier de fret. Aujourd’hui, mobilité, proximité et « on-demand » sont bien les maîtres mots du transport de proximité. Alors pourquoi la branche a-t-elle tant de mal à recruter ?

Mais a du mal à recruter

5187567062_3151e8febe_b10 % des postes non pourvus et 24 % pourvus avec difficultés dans ce secteur en 2014, selon l’observatoire TEC (tendance emploi compétence) du Medef. Des chiffres corroborant le constat de l’ l’Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique (OPTL) qui estimait les difficultés de recrutement autour de 22 %. Une pénurie qui a aussi une dimension territoriale : Nord-Pas-de-Calais, Bretagne, Haute et Basse-Normandie, Aquitaine, Champagne-Ardenne et Rhône-Alpes sont les sept régions particulièrement touchées par les difficultés de recrutement.

Les conducteurs en courte et longue distance, les livreurs, les ouvriers de l’emballage et de la manutention, du magasinage sont notamment les métiers les plus difficiles à pourvoir, et ce pour 2 raisons principales :

  • Le manque d’attractivité : perçu comme peu valorisant, le métier souffre en effet d’une mauvaise image, notamment auprès des jeunes. Conséquence : avec une pyramide des âges défavorables et une moyenne d’âge de plus de 42 ans, le secteur peine à se renouveler et les besoins en main d’œuvre risquent de s’accentuer avec les départs à la retraite.
  • L’inadéquation des compétences: elle est pointée du doigt par les professionnels français comme étrangers. « De plus en plus, il faut des connaissances pointues relatives aux opérations logistiques, aux dispositions légales, à des dispositions techniques spécifiques selon la nature de ce que l’on transporte… mais il faut aussi toujours un peu plus de flexibilité », constate l’Association Suisse des Transports Routiers (ASTAG).

Un enjeu pour les entreprises qui doivent donc à la fois revaloriser le métier et mettre en place des dispositifs d’accompagnement et de formation.

> Retrouvez L’Enquête 2015 Pénurie de Talents

Crédit image : Adam Clarke , Ricecracker, Roger
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