Qu’est-ce que ça change ?
Aux États-Unis, le crowdfunding a depuis longtemps pris de l’ampleur, mais le JOBS Act (« Jumpstart Our Business Startups »), voté début 2012, n’est toujours pas intégralement entré en vigueur, laissant de nombreuses plateformes de crowdfunding en attente de créer de nouveaux services.
La France, c’est officiel, s’échine quant à elle à devenir « le pays pionnier du financement participatif » (pdf). Fleur Pellerin, ministre des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, a ainsi assoupli les règles de financement pour les entrepreneurs, permettant aux PME « qui recherchent des fonds entre 100.000 et un million d’euros, et qui jusqu’ici étaient peu regardées par les banques et les fonds d’investissement », d’« accueillir des internautes dans leur capital ou bien leur emprunter de l’argent ».
La nouvelle mesure concerne « uniquement » ces deux modalités :
- l’investissement, avec le financement participatif en échange de parts sociales (aussi appelé crowd equity, modalité pas encore rendue légale aux États-Unis) : des démarches assouplies et des financements pouvant atteindre le seuil d’un million d’euros pour les PME au statut de SA et SAS, et un nouveau statut de Conseiller en Investissement Participatif pour les internautes ;
- le prêt ; les investisseurs dits « professionnels » n’ont plus le monopole du prêt : chaque internaute pourra prêter jusqu’à 1 000 euros à une entreprise, qui là aussi ne pourra pas dépasser le seuil d’un million d’euros de financement sur cette base. Un nouveau statut est également créé pour les plateformes de prêt.
Le financement par « don », la version la plus répandue du crowdfunding (financement contre rétribution : produit, avantage, nom au générique pour les oeuvres culturelles, etc.), est elle en revanche peu impactée par le nouveau cadre législatif.
Quel impact sur la création d’emplois ?
Quel impact sur l’économie pour une mesure qui fait déjà parler d’elle outre-atlantique et s’inscrit dans le cadre ambitieux de la promotion d’une « start-up République » et du « choc d’attractivité » souhaité pour charmer les investisseurs étrangers ?
Le crowdfunding et le nouveau paradigme de la « sharing economy » (économie du partage) ont depuis plusieurs mois fait l’objet de plusieurs études d’observateurs soucieux du « côté obscur » du financement participatif et de son impact réel sur l’économie. Basée sur les réponses de centaines d’entreprises américaines, européennes et africaines, toutes ayant levé des fonds grâce à la foule (« crowd »), une récente étude a cherché à calculer le ROI du crowdfunding.
Résultat : pour les entreprises répondantes, les ventes trimestrielles ont augmenté en moyenne de 24% après la levée de fonds, une augmentation qui culmine même à 341% pour le seul dispositif de crowd equity ! Concernant l’emploi, les résultats sont eux aussi encourageants : 39% des répondants ont embauché (en moyenne 2,2 personnes) après leur levée de fonds participative. Et au total, 87% des entreprises déclarent se « crowdfunder » dans une optique directe de création d’emplois, une tendance qui s’observe d’autant plus que l’entreprise est initialement grande.
Un détail pour la situation de l’emploi en France ? Les difficultés de financement des PME étaient à leur plus haut depuis 2009 à la fin de l’année dernière… Pourtant, 99,9% des entreprises françaises sont des PME. Elles réalisent 43% de l’investissement national et représentent 52% de l’emploi salarié. Et les grandes entreprises, elles aussi, vont bientôt se mettre au crowdfunding…