Dans l’économie de l’innovation et de la connaissance, le modèle de « l’organisation apprenante », dont la structure et le fonctionnement favorisent les apprentissages individuels et – surtout – collectifs, est en train de s’imposer : les compétences étant le nouveau moteur de la croissance, il faut chercher à les enrichir en permanence. La formation occupe, logiquement, une place essentielle de cette nouvelle donne.
Avec l’accélération des cycles économiques et la diffusion des progrès technologiques, le e-learning est en train de devenir une modalité « normale » de la formation. Car la formation traditionnelle (dite « présentielle »), dispensée dans une salle par un formateur, n’est pas toujours adaptée aux nouveaux besoins. Alors que le « just in time » et la mobilité vont crescendo, le e-learning permet de former plus vite, partout et en masse. En cette période de difficultés budgétaires, il est aussi un vecteur d’économies d’échelle: une fois les investissements réalisés, une entreprise peut « faire plus avec moins » grâce au e-learning.
L’arrivée de la Génération Y dans les entreprises pousse aussi la transformation des pratiques de formation : le e-learning et ses jeunes enfants (mobile learning, micro learning, serious games…) sont particulièrement adaptés aux nouveaux usages des digital natives. Il s’agit de susciter l’envie d’apprendre et d’évoluer d’une logique top-down (un « maître » ou « formateur » dispense un savoir) vers une logique bottom-up, dans laquelle les outils et méthodes pédagogiques cherchent à capter l’intérêt de l’apprenant – en s’adaptant à ses goûts et usages. C’est d’ailleurs le principal argument des promoteurs du numérique à l’école.
Le e-learning : populaire mais pas encore une priorité business
Voilà pour la théorie et la tendance de fond. Qu’en est-il dans le détail et la pratique quotidienne, alors que la période de crise que nous traversons n’est pas toujours propice à l’innovation ? Dressant un panorama précis des dernières tendances du e-learning en 2011 – début 2012, un Livre Blanc publié la semaine dernière par la spécialiste Béatrice Lhuillier et le site bsoco.com (benchmark et conseil aux entreprises pour le choix de solutions informatiques professionnelles) permet d’en savoir plus. La popularité du e-learning est vérifiée, mais il s'avère que cet attrait ne se traduit pas encore massivement dans les pratiques business.
Les usages varient selon la taille des entreprises, le degré d’externalisation des activités et les coûts des logiciels. Les entreprises les plus petites s’intéressent surtout aux contenus, moins au système de diffusion. Mais lorsqu’elles sont confrontées à des problématiques de gestion des compétences et des talents, les entreprises commencent à se pencher sérieusement sur les solutions de type LMS (plateformes de formation à distance).
Pierre Berthou (FuturSkill) : la formation n'est pas une obligation juridique ni un coût, c'est un investissement stratégique
Alors que le « Club des utilisateurs »* de la Syfadis Suite (plateforme de formation et de gestion des talents de FuturSkill, marque de ManpowerGroup) vient de s’achever, Pierre Berthou, Vice-Président de Futurskill, a livré à l’Atelier de l’Emploi TV son éclairage sur dernières tendances du e-learning, les atouts de ce mode de formation complémentaire des méthodes classiques et les freins à son développement.
Son décryptage permet de dépasser les effets de mode qui brouillent parfois la compréhension du sujet. Il insiste notamment sur le changement des mentalités qui doit avoir lieu en France : à l'Ere des Talents où le potentiel humain constitue la première richesse des entreprises, la formation ne doit plus être perçue comme une obligation juridique et un coût mais comme un investissement stratégique, déterminant de la compétitivité. Si ses effets ne se font pas ressentir à très court terme, les bénéfices à moyen et long terme sont réels : le retour sur investissement (ROI) est réel .