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Derrière le CDI intérimaire, l’autre nouveauté de l’accord sur la sécurisation des parcours professionnels dans l’intérim

« Nos clients ont besoin de flexibilité, par contre, la flexibilité doit être responsable«  : dans une interview à BFM Business, Martine Gomez s’est fait le porte-voix d’un accord « extrêmement important », qui s’inscrit dans la lignée des messages envoyés par les partenaires sociaux dans le cadre de l’Accord National Interprofessionnel.

Que nous dit cet entretien ? Ce nouvel accord, « étape décisive dans la création d’une flexisécurité à la française »d’après le Président de ManpowerGroup, Alain Roumilhac, comporte deux volets :

1 – Le CDI intérimaire

Il ne sera pas automatique, mais choisi : l’intérimaire pourra décliner le contrat. Martine Gomez note que « certains, d’ailleurs, préfèreront la forme d’emploi actuelle », à l’image de cette intérimaire interrogée par RTL ou, plus globalement de la dernière vague de l’enquête Regards croisés sur l’intérim, qui montrait la force de cet intérim par choix.

Au maximum, le contrat rejoindra les modalités du CDI de droit commun, avec des règles aménagées, notamment pour la mise à disposition, propre au statut atypique de l’intérim. Le salarié intérimaire disposera d’un revenu égal à celui des salariés de l’entreprise qui occupent le même poste (à la différence de l’Allemagne ou de l’Espagne, pratiquant une rémunération autonome qui a pu engendrer des effets pervers). Pendant les éventuelles périodes d’« intermission », il sera formé ou rémunéré et, quelle que soit son activité, une garantie minimale mensuelle (SMIC, majoré respectivement de 15% et 25% pour les techniciens et les cadres) lui est assurée.

Le CDI intérimaire, qui concernera environ 20 000 personnes sur 3 ans, vise avant tout à mieux remplir la mission que se donnent les agences d’intérim : concilier les besoins des entreprises et les compétences disponibles, en assurant la montée en compétence des intérimaires et leur insertion durable sur le marché du travail. Martine Gomez l’explique :

« Chez Manpower, on part des besoins de l’entreprise sur des bassins d’emploi déterminés. L’idée est de proposer ces CDI à des intérimaires que l’on peut positionner sur les métiers en tension à l’échelle du bassin d’emploi, pas nécessairement à ceux extrêmement qualifiés. On regarde le potentiel d’emploi (pour assurer une permanence de mission), quels sont les métiers recherchés sur le bassin d’emploi et quels sont les métiers émergents. Tous les jours, les clients nous disent : « fournissez-nous les compétences » ! On a en France un paradoxe : on a des emplois sans travailleurs et des travailleurs sans emploi. Notre travail, c’est d’adapter l’offre à la demande. »

Parmi les deux publics auxquels le CDI intérimaire se destine, Martine Gomez cite :

  • les jeunes qui vont « multiplier les expériences professionnelles dans un cadre sécurisé », augmentant leur employabilité et s’ouvrant divers horizons d’apprentissage pour mieux s’orienter ensuite ;
  • les seniors, qui ont envie de travailler sur des projets différents, au sein de plusieurs entreprises, et « ont besoin d’accompagnement ».

Martine Gomez

2- Mesures d’accompagnement, fonds de sécurisation des parcours, allongement des durées d’emploi : augmentation de l’intensité d’emploi de 95% d’intérimaires

Outre ce « CDI à forte valeur ajoutée », Martine Gomez rappelle que la branche consacre 60 millions d’euros de formation pour augmenter l’intensité d’emploi de la quasi-totalité des intérimaires. Les formations ou la rémunération touchée par les intérimaires en CDI durant leurs périodes d’intermission sera financée par le fonds de sécurisation professionnelle, nouvellement créé, et alimenté par les agences de travail temporaire via une cotisation égale à 10% du salaire de l’intérimaire.

Pour les autres :

  • Pour ceux qui combinent 800 heures d’activité à l’année (4 mois, soit la moyenne constatée sur l’ensemble des intérimaires)  : un plan d’accompagnement est mis en place, visant à compléter les compétences des intérimaires. La construction de ce suivi de long terme, formant aux besoins réels des entreprises dans les bassins d’emploi, a pour objectif d’augmenter a minima de 5% (soit 40 heures) la durée moyenne d’activité.
  • Pour ceux à plus faible intensité d’emploi (400 heures) : des dispositifs spécifiques de formation, financés par le fonds, sont en place et axent l’accompagnement sur les déficits de formation observés, tant en savoir-faire qu’en « savoir-être », auprès de publics souvent éloignés de l’emploi.

Innovation sociale

« Personne n’est oublié », rassure Martine Gomez. Le bilan annuel de Prism’emploi (fédération des principales agences d’emploi) et un rapport d’Eurociett, son équivalent européen, l’ont montré : grâce à un dialogue social permanent, la branche professionnelle de l’intérim est porteuse d’innovation sociale. Elle porte l’ambition d’une flexibilité responsable, avec par exemple 310 millions annuels consacrés à la formation, bien au-delà de l’obligation légale, et un fonds d’action sociale octroyant des facilités de logement et d’accès au crédit aux salariés intérimaires.

> La vidéo de l’interview (lien externe)

> L’intégralité du texte de l’accord (hébergé par Les Echos)

> « Une étape décisive dans la création d’une flexisécurité à la française » : la réaction d’Alain Roumilhac

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