:
Newsletter
HReview
Découvrez nos articles.
Retour à la liste
Partager sur :
Bulgarie-Roumanie-Europe

Les 3 défis de l’ouverture du marché du travail européen à la Roumanie et à la Bulgarie

« Une population insignifiante pour la société, sans éducation et sans formation professionnelle, qui désire uniquement profiter des avantages accordés par le gouvernement du pays. »

Voilà comment l’Institut Démocratique britannique qualifie les près de 400 000 Roumains et Bulgares qui, selon lui, viendront s’ajouter d’ici 2020 aux 150 000 citoyens des deux pays résidant déjà au Royaume-Uni.

Bienvenue ? Bulgares, Roumains et « plombiers polonais »

Loin de ce tableau catastrophiste, le voisin irlandais, qui était déjà passé par là l’an dernier, assure ne pas avoir connu d »immigration massive », avec moins de 500 demandes de permis de travail par an. Le gouvernement britannique a néanmoins longtemps tenté de retarder l’ouverture de ses frontières à ce qu’il considère comme de nouveaux « plombiers polonais ». Il a dès novembre « raffermi les conditions d’accès aux allocations et aides sociales » pas d’allocation chômage avant trois mois de résidence, des preuves d’une recherche « intense » d’emploi à fournir pour toute allocation supérieure à six mois, un « test de résidence » pour l’accès à l’aide au logement, etc.

La situation est pourtant différente par rapport à 2004 et la vague d’immigration polonaise, analyse The Economist : cette fois, l’Autriche, la Belgique, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, Malte, l’Espagne et les Pays-Bas ouvrent simultanément leur marché du travail aux Roumains et Bulgares, quand c’était le cas, en 2004, de seulement trois « grands pays » (Grande-Bretagne, l’Irlande et la Suède). De nombreux Roumains ont par ailleurs déjà émigré, souvent temporairement. Enfin, le taux de chômage, à Bucarest, n’est que de 2% (et ne dépasse pas 5% dans l’ensemble de la Roumanie), réduisant les envies d’ailleurs. Et le risque de tourisme social, outre les mesures dissuasives, est considéré comme marginal  vu le niveau de qualification des travailleurs concernés : deux-tiers des Roumains et Bulgares installés en Allemagne, par exemple, travaillent et y paient des impôts.

Bienvenue ? Mobilité des travailleurs ET Europe sociale

L’Allemagne est quand à elle « déjà devenue l’un des principaux pays d’accueil pour les migrants économiques venus du monde entier », notait récemment le spécialiste de la mobilité du travail Métis, qui concluait à un bouleversement des flux migratoires en Europe, dû à la crise. « La réalité des mouvements [de travailleurs] au sein de l’UE reste encore beaucoup plus faible ce que l’on peut imaginer », nuançait en juillet dernier Marisol Touraine, à l’occasion d’une conférence retraçant les difficultés de la construction de l’Europe sociale.

Pour la ministre des Affaires sociales, « la mobilité constitue néanmoins un exemple concret de la nécessité d’articuler des politiques européennes en matière sociale avec les politiques nationales » : ouverture des marchés du travail et mobilité oui, défi de l’harmonisation pour éviter le « dumping social », aussiThe Economist, à ce titre, estime que l’ouverture des marchés du travail permet de faire entrer dans le droit des situations déjà existantes de fait, bien souvent liées à des conditions de travail déplorables – voire frauduleuses.

Roumains et Bulgares, bienvenue !

Bienvenue ? Les métiers non-pourvus, l’autre enjeu de la mobilité européenne

[encadre]L’impact positif de la mobilité des travailleurs en Europe est de plus souligné par de nombreuses études – y compris sur la compétitivité et les finances publiques. László Andor, commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion, plaidait déjà en 2012 pour la libre circulation des travailleurs en Europe, « atout de l’Europe dans la crise ». Un atout, notamment pour l’emploi :

« A l’heure actuelle, la France accueille environ 87 000 citoyens bulgares et roumains, dont plus des trois quarts sont en âge de travailler. L’ouverture totale du marché du travail serait très utile pour les secteurs qui connaissent une pénurie de compétences, tels que le bâtiment, le transport, le tourisme, l’agriculture, l’hôtellerie et la restauration. »

Et de fait, la date du 1er janvier 2014 ne changera en rien pour près de 300 métiers, identifiés comme « en tension », et pour lesquels Roumains et Bulgares disposaient d’« une procédure simplifiée d’autorisation du travail ». Pour parer aux difficultés de recrutement connues par de nombreux employeurs, le marché français du travail était déjà ouvert aux Roumains et Bulgares… Outre-Manche, l’argument fait aussi mouche : parmi les nombreux éléments que la Grande-Bretagne oublie lorsqu’elle vitupère l’émigration roumaine, plaide The Economist, sa « pénurie chronique d’ingénieurs informaticiens »

> Lire : Emplois non pourvus, les chiffres d’une urgence nationale

Crédit image : Justin.li/Flick (licence CC)
Partager sur :

Autres articles pouvant vous intéresser