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Demain, quel(s) contrat(s) de travail ?

« Quel avenir pour le contrat de travail ? » : c’est la question autour de laquelle ont débattu Michèle Chay (secrétaire confédérale de la CGT), Bruno Mettling (DRH d‘Orange), Michel Godet (économiste, membre de l’Académie des Sciences), Jean Pelin (directeur de l’Union des Industries Chimiques), Jean-François Pilliard (directeur de l’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie et vice-président du MEDEF) et Gilles Babinet (entrepreneur), à l’occasion du premier Salon du travail et de la mobilité.

Lire aussi CDD, CDI, contrat unique : où en est-on ?

« Pas de demande absolue et urgente de nouveau contrat de travail »

Tous sont unanimes : il n’y a pas de « demande absolue et urgente de nouveau contrat de travail« , comme le répète Bruno Mettling. La question de la refonte du contrat de travail est donc marginale. Certes, il faut faire attention à la complexité du CDI, rappellent de concert Jean-François Pillard, Bruno Mettling ou encore Gilles Babinet. Notamment en simplifiant l’encadrement juridique pour encourager les entreprises à recruter, et en particulier les PME.

Mais pour Bruno Mettling, la forme du contrat ne doit pas faire oublier le principal : « il faut poser une réflexion sur l’évolution du travail notamment en termes d’organisation qui correspond à une vraie attente de la part des jeunes« . En effet le contrat de travail, « c’est l’organisation du lieu et du temps de travail et cette relation se trouve  bouleversée avec la transformation digitale » poursuit-il. Pour Michèle Chay, il faut même pousser cette réflexion aux formes de travail atypiques, « qui sortent souvent du débat CDI/CDD, mais qui correspondent au temps partiel, au temps fractionné. Il faut aussi réfléchir à comment on travaille sur un bassin d’emploi, notamment avec les sous-traitants« .

La vraie question : « comment recréer une dynamique favorable à l’emploi ? « 

2434691031_5855216650_oEt si, au fond, le vrai sujet derrière le contrat de travail était une fois encore l’emploi, notamment « comment créer une dynamique favorable à l’emploi ? » se demande Jean-François Pilliard. Dans la métallurgie, « le système actuel qui se caractérise par l’abondance de CDD, présente des inconvénients pour tout le monde, notamment en termes de cohésion sociale« , tant pour les salariés que pour les entreprises, constate-t-il. Dans un secteur au chômage structurel élevé, le CDI est perçu comme « long et cher au moment du licenciement, et surtout peu sûr sur le plan juridique. Il faut envisager de pouvoir connaître les conditions de la séparation et le contrat unique pourrait allait dans ce sens« , poursuit-il.

Travailler sur la capacité « à créer des régulations du travail adaptées »

Mais au-delà du débat sur le contrat unique – et de savoir s’il devrait ressembler plus au CDD ou au CDI -, c’est « l’incapacité à créer des régulations du travail adaptées » qui frappe Gilles Babinet. Ce dernier prône notamment le modèle de la flexi-sécurité dans lequel la formation continue jouerait un rôle essentiel. « Aujourd’hui le système est inefficace, il faut sortir du paradigme d’affrontement traditionnel, notamment en créant les conditions de montée en compétences« , insiste-t-il. En effet, « La meilleure des sécurités, c’est la compétence« , poursuit Michel Godet. Compétences qui font souvent défaut aux jeunes peu qualifiés, qui sont les grands oubliés, puisqu’un quart des jeunes de 16 à 25 ans sont au chômage. Pour « partager le gâteau de la sécurité« , des solutions sont déjà à portée de mains des entreprises : « le travail temporaire est aussi une manière de déboucher sur un CDI, notamment avec le CDI temporaire » rappelle Michel Godet.

Apporter des réponses adaptées à la diversité des situations

Mais à chaque secteur sa problématique propre, qui se décline ensuite selon la taille de l’entreprise. Représentant d’un secteur industriel qui se porte bien, Jean Pelin rappelle que « l’industrie chimique emploie 200 000 personnes dont 96% sont en CDI et la rémunération moyenne dépasse les 50 000 euros annuel« . Les raisons d’une tel engouement pour le CDI sont à chercher dans le degré de complexité des postes dans cette industrie à risque dans lesquels « il faut une appréhension de six mois à un an pour être opérationnel« , explique-t-il.  Si la chimie est la première branche à avoir signé le pacte de responsabilité et à s’être ainsi engagée à recruter 47 000 salariés en CDD et CDI d’ici la fin 2017,  c’est aussi un secteur avec « des métiers en tension, avec notamment 10% des postes que l’on n’arrive pas à pourvoir« , précise-t-il.

Si le secteur de la chimie est composé de grands groupes, il est aussi largement constitué de TPE/PME. Et ce sont ces dernières qui sont le plus pénalisées par la complexité juridique des contrats et, par conséquent, dans leur recrutement. Pour les plus petites d’entre-elles, la difficulté principale consiste souvent à passer le saut de la première embauche, rappelle Michel Godet. Face à cette diversité des situations, Bruno Mettling appelle à cesser de « gérer cette complexité avec des cadres communs et plutôt travailler à imaginer des innovations« . Et de conclure : « au-delà du contrat du travail, il faut accepter que tous ces éléments puissent être mis en débat en fonction de la situation économique de l’entreprise. »

Crédits image : Renaud Camus / Flickr / Licence CC BY
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