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La semaine de l’emploi #9 : Le web se MOOC de la crise

Communautaire, le web est un ensemble de microcosmes aux codes singuliers et à l’ironie facile. Souvent caustique, parfois cynique, il ouvre aussi formidablement le champ des possibles ; ce qui lui permet de se moquer… de la crise, avec un optimisme parfois déconcertant. Revue d’une semaine de l’emploi marquée par des arbres qui chutent bruyamment et d’autres qui poussent plus discrètement – mais sûrement.


Florange, avec pertes et (surtout) fracas

Comme un énorme arbre qui tombe. Cette semaine, la twittosphère journalistique a donné un écho retentissant aux divers rebondissements autour du site de Florange, propriété du groupe ArcelorMittal. L’affaire étant politique, elle est aussi à haute valeur symbolique.

« Beaucoup de bruit pour rien ? », s’interroge Stéphane Lauer, journaliste et auteur du blog Pertes et Profits, qui regrette que l’arbre des « quelques centaines d’emplois » sauvés cache une forêt invisible, celle d’une politique industrielle absente. Le journaliste Marc Landré, réagissant en direct au débat « Touche pas à mon industrie » de l’émission Mots croisés, renchérit même : « les 629 salariés de Mittal sont des chanceux », au regard du chômage qui frappe les contrats temporaires.

Commentant aussi l’émission, Thibaut De Jaegher, directeur des rédactions à L’Usine Nouvelle, met plutôt l’accent sur ces « arbres qui poussent » silencieusement, loin du tam-tam médiatique. Même son de cloche du côté de l’économiste Nicolas Bouzou, qui voit en Florange le symbole d’une politique pas assez centrée sur la création d’emplois.

« Masculin Féminin », le film de la crise de l’industrie

Sur la désindustrialisation, nous serions en fait schizophrènes selon l’économiste-blogueur Alexandre Delaigue : nous vivons dans une économie de service et nous en sommes ravis, pourtant « les disparitions d’emploi dans l’industrie sont systématiquement vues comme des catastrophes; et les créations d’emploi dans les secteurs des services […] sont vues avec suspicion ». L’explication à ce « fétichisme industriel » serait à chercher d’une forme de strabisme sexiste : « les soi-disant « bons emplois » qui disparaissent sont immanquablement des emplois très largement masculins. Les « mauvais emplois » dont l’apparition est dénigrée sont systématiquement des emplois féminins. » Un appel à regarder la désindustrialisation avec plus de nuances, dans des termes rappelant les explications géographiques de Laurent Davezies, qui passait au scanner une « économie française féminisée ».

Blogueurs/journalistes, qui trompe énormément ?

Le pot de Noël, au bureau, sera l’occasion d’en discuter. En faisant un petit calcul à partir des chiffres donnés par Cadremploi, on s’aperçoit non seulement que l’adultère au travail est une réalité, exacerbée dans le cadres des « pots », mais aussi que ces aventures festives ont déjà concerné 21,7% des hommes, quand 15,6% des femmes « seulement » se seraient montrées infidèles à ces occasions. Joyeux Noël…

Alexandre Delaigue, encore lui, relaye un autre type d’infidélité : « les journalistes vous trompent sur le chômage », affirme Verel. Le blogueur reproche aux médias de se focaliser sur les licenciements économiques, qui ne représentent pourtant, par exemple, que le dixième du nombre de fins de CDD (130 000 en octobre 2011). « On savait que les hauts fourneaux lorrains étaient condamnés à terme », ajoute-t-il. Pour lui, « la bataille du chômage » mérite un regard moins myope.

Le diplôme, sésame pour l’emploi ou espèce en voie de disparition ?

Le chômage des 15-24 ans a atteint un sommet historique (24,2%) et le diplôme est toujours un sésame dans la « Machine à trier » française. L’Injep apporte un chiffre éloquent : près de la moitié (46%) des 15-29 ans non-diplômés étaient au chômage en 2011. Moralité : « on ne peut plus s’en sortir sans diplôme ».

La semaine dernière, le forum mondial de l’éducation en ligne de Berlin votait pourtant  à main levée pour l’« abolition des diplômes ». Les « MOOC », ces cours gratuits en ligne, signent-ils « la mort de l’empire des diplômes » ?

Pour l’agence Campus Communication, spécialisée dans l’enseignement supérieur, les « établissements ne sont pas près à lâcher » le diplôme, mais les universités et écoles anglo-saxonnes déjà engagées sur la voie des MOOC pourraient se le permettre, leur nom prestigieux suffisant à « certifier » les compétences. Car l’enjeu est bien celui de la certification : pourrait-on imaginer que les employeurs puissent un jour se passer de diplôme pour évaluer les compétences des candidats au moment du processus de sélection?

Jean-Marie Gilliot tempère : il faut faire la distinction entre la formation (l’apprentissage de compétences, qui peut se faire tout au long de la vie) et la validation de celle-ci. Ce ne serait alors que le « début de la fin des diplômes… tels que nous les connaissons », répond François Guite. Le risque, c’est une nouvelle fracture numérique, contre lequel François Taddei souligne la nécessité de former les enseignants à l’accompagnement des élèves et de leur projet. Le début d’une révolution éducative ?

L’innovation de la confiance

Cette révolution des MOOC, Vineet Nayar, cet ardent défenseur d’un management par la confiance dans le talent et la créativité des employés, ne la renierait pas. Le PDG d’HCL Technologies lance un appel à « ne pas avoir peur d’Internet » et à son « potentiel incomparable » pour apporter les besoins basiques aux gens en « bas de la pyramide ». De quoi lever le malentendu qui règne sur le lien entre nouvelles technologies et création d’emplois ?

Aux Interconnectés 2012, le salon des territoires innovants, il était aussi question de cette incompréhension. Plusieurs territoires y ont obtenu un label « Territoire Innovant », comme celui de Nantes pour son projet d’open data (voir #interco12).

Les hashtags de la semaine : #leweb et #bourseinnov

L’évènement Le Web’12 réunissait cette semaine l' »industrie web » autour du thème de « l’Internet des objets ». Au-delà des débats et rencontres, une « start-up competition » était aussi organisée, et c’est la plateforme Qunb, passée par la pépinière de start-ups Le Camping, qui l’a emporté. Son ambition : devenir le YouTube des datas.

Pendant l’évènement, des courbes chiffrant les reprises du hashtag #leweb sur Twitter s’affichaient. Mardi, au palais Brongniart, d’autres courbes – celles du cours de la Bourse -reprenaient vie : la Bourse de l’innovation (#bourseinnov), sorte d’« anti-Le Web » pour la journaliste Jeanne Dussueil, s’amusait à coter de jeunes start-ups innovantes le temps d’une séance fictive. Il faut avoir confiance dans notre capacité à créer de la valeur !, nous dit cet évènement.

Le tweet de la semaine

150 « retweets » (partages) pour ces quelques mots de Fleur Pellerin, Ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique. C’est aux participants de « Le Web » qu’elle s’adresse en premier pour officialiser la mission confiée à Tariq Krim, fondateur de Netvibes et de Jolicloud. Il s’agit pour lui d’effectuer une cartographie des talents émergents et innovants – entendez des start-ups -, préfigurant le « village de start-up », sorte de Tech City parisienne qui verra le jour dès 2014. La confiance dans les acteurs et dans le numérique (appuyée par le Premier ministre), vaccin contre une crise qui semblait couronner le manque d’estime de soi ?


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Les twittos de la semaine :

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