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Formation professionnelle – La réforme, bientôt ; des bonnes pratiques, déjà

« Nous tenons le bon concept » : Michel Sapin est devenu le porte-parole de la sécurisation. Ouvrant le colloque « Quand l’entreprise forme, la formation sécurise«  le 19 septembre dernier, le ministre, entre autres, de la Formation professionnelle, a clairement défini l’horizon de la réforme :

« L’enjeu de la décennie est de redéfinir le statut professionnel de façon à garantir la continuité d’une trajectoire plutôt que la stabilité des emplois. »

Lisibilité, sécurité, compétitivité

Derrière cette ambition, de nombreux chantiers sont annoncés :

  • consolider le lien emploi/formation, par la création attendue du compte personnel de formation, attaché à toute personne depuis son entrée sur le marché du travail à sa retraite ;
  • oeuvrer pour l’orientation tout au long de la vie, avec le lancement d’un service de conseil en évolution professionnelle et la décentralisation du service public de l’orientation ;
  • faciliter la souvent douloureuse transition entre école et entreprise, etc.

Face à un système jugé « complexe, cloisonné et inégalitaire » par François Hollande, la réforme se veut « en profondeur », dans trois directions :

L’éloignement de l’emploi est en effet une double peine : plus il dure, plus il réduit les chances de retrouver un emploi. La recherche d’un continuum emploi/formation et l’objectif de sécurisation visent avant tout à lutter contre cet « effet de scarification ». Et derrière ce « bon concept », s’affirme ainsi une ambition – démesurée ? – de revoir en quelques mois tout le dispositif du contenu du plan de formation et de ses modalités de financement.

La formation professionnelle : qui la finance ? Qui en bénéficie ? (Les Echos)

Quelque chose a changé au pays de la formation

Si l’exécutif parle d’un « nouvel enjeu pour la décennie », ce n’est pas seulement que la réforme se veut historique après deux essais en 2003 et 2009 jugés cosmétiques, c’est aussi que l’archaïsme de la formation professionnelle est dénoncé de toutes parts :

« La formation a besoin d’entrer dans le XXIème siècle […]. Elle ne peut demeurer ce service luxueux, encombré de papiers et de formulaires, contingenté et réservé aux seuls salariés les plus qualifiés. »

[encadre]Didier Cozin, spécialiste de la formation continue, revient de la sorte sur l’historique de la formation professionnelle en France et pose une fâcheuse question : quoi de commun entre aujourd’hui et 1971, date de « la première loi moderne sur la formation professionnelle », à une époque alors proche du plein-emploi ?

Dès les années 1980, la formation ne se décrète plus uniquement en fonction des besoins de développement des compétences des entreprises, et s’oriente déjà vers l’objectif d’« accompagner et organiser les reconversions professionnelles ». L’urgence du « traitement social du chômage » a alors favorisé des solutions superficielles, non insérées dans des stratégies de long terme.

Mais progressivement, les transitions professionnelles, de plus en plus nombreuses, ont fait naître une prise de conscience : dans une économie de la mobilité, la nécessité d’un accompagnement plus intégré et même l’anticipation des besoins en compétences, de plus en plus près des réalités territoriales (« GTEC »), à l’échelle des bassins d’emploi. Parallèlement, note Didier Cozin, les acteurs faisaient de l’éducation un « trésor » et découvraient l’économie de la connaissance.

Le DIF, droit individuel à la formation, institué en 2003, est venu couronner une période où les salariés « peuvent désormais maintenir leur employabilité et développer leurs compétences via un dispositif nouveau et révolutionnaire ». De variable d’ajustement, la formation est devenue un droit et même une responsabilité de l’individu acteur de son employabilité. Mais si « les missions de la formation ont […] évolué »,  « ni les budgets ni le cadre réglementaire » n’ont suivi.

 

Face à l’urgence : penser la formation professionnelle « autrement »

De nombreux experts se sont déjà engagés dans la réflexion, à l’image de l’Institut de l’entreprise, dont les propositions se centrent sur la formation des personnes les moins qualifiées, avec la nécessité de créer des itinéraires « qualifiants », mais aussi un renforcement de la certification et des évaluations, sur un marché de la formation pléthorique (50 000 partenaires !), ou… une réforme du financement des organisations syndicales et patronales.

La Fabrique de l’industrie, think tank dirigé par Louis Gallois, vient elle de lancer une consultation ouverte à tous pour « recueillir expériences et bonnes pratiques ». La démarche se veut volontariste et invite à « parler autrement [entendre, positivement] de la formation professionnelle » :

« Tandis que la réforme d’ensemble du système de formation professionnelle apparaît comme un chantier au long cours, à la fois nécessaire et complexe, les initiatives locales et spontanées viennent débloquer des situations et permettre de créer de la valeur et de l’emploi. »

Ces initiatives sont bien souvent le fruit de l’action d’entreprises : elles cherchent par exemple à développer la formation continue de leurs salariés dans des universités d’entreprise, et vont jusqu’à délivrer des certifications « diplômantes » en fin de formation. La « Fabrique » cite aussi l’élan des entreprises d’insertion (voir à ce titre l’engagement de Manpower), qui visent à ce que chaque année « 150 000 personnes exclues du marché du travail retrouvent emploi et dignité ».

Les entreprises et acteurs privés s’engagent aussi dans la reconversion entre différents corps de métier ou s’ouvrent, carrément, à la formation, dépassant la rupture école/entreprise en partant des besoins du marché du travail. C’est le cas de 42, l’école de Xavier Niel, non-diplômante mais délivrant des compétences très recherchées et « assurant » une embauche.

Header Pen Breizh

De manière multipartenariale, le « Pacte Pen Breizh pour la Bretagne numérique » (co-piloté par ManpowerGroup, Pôle Emploi, l’agence de développement économique Bretagne Développement Innovation, l’Université de Rennes 1 et l’OPCA FAFIEC) dispensera quant à lui des formations sur-mesure à 500 demandeurs d’emploi, en partant de la demande des entreprises. Accompagnement continu et meilleure adéquation des offres de formation avec les besoins, les deux défis de la prochaine décennie ?

 

> Image de « une » : Mamboman1 (licence CC)
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