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Disparition – Michaël Grunelius, ou l’aventure Manpower

Hier ont eu lieu les obsèques du fondateur de Manpower en France, Michaël Grunelius. Retour sur un parcours exceptionnel.

Nul doute que l’accord sur la réforme du marché du travail, qui indique noir sur blanc que le travail temporaire "a développé au bénéfice des salariés intérimaires des dispositifs qui organisent l’accès de ces salariés à un accompagnement et une protection sociale de branche", a dû réjouir Michaël Grunelius, quelques jours avant sa mort, à 83 ans. Celui qui fut le précurseur de toutes les dispositions légales et réglementaires en faveur des salariés intérimaires (prime de fin de mission, congés payés, accès à la formation…) a dû y voir là une forme de consécration. Car il n’y a aucun doute : l’implantation de Manpower en France et le développement de l’intérim qui en découle sont le fait d’un seul homme, aussi visionnaire que volontaire.

Michaël Grunelius est né à Strasbourg en 1929 et a vécu une partie de son enfance sous l’occupation nazie. C’est en 1957 qu’il rencontre Aaron Scheinfeld, co-fondateur de Manpower. Ce dernier lui propose de représenter l’entreprise de travail temporaire en France. Sceptique au début, Michaël Grunelius décide finalement de se lancer dans l’aventure et loue un petit bureau à Paris qu’il occupe à mi-temps. Rapidement l’entreprise s’avère être un succès et, comme aux Etats-Unis, Manpower France étend son activité de bureau aux marchés de l’industrie et du bâtiment, grand demandeurs de main d’œuvre.

Face à cette croissance, Michaël Grunelius comprend très vite qu’il doit résoudre le problème du droit applicable à cette nouvelle forme de travail en France. Mieux, il a la conviction qu’il faut doter les salariés intérimaires d’un statut proche de celui des salariés permanents. C’est avec le concours de l’inspection du travail que le concept de "mission"  est alors mis en place ; le fameux triangle contractuel du travail temporaire est né.

En 1965, il décide de doter Manpower d’une identité forte et visible ; c’est « l’Homme de Vitruve », dessin réalisé par Léonard de Vinci, symbole de l’humanisme qui consacre l’homme au centre de l’univers, qui servira de base à la communication et à l’image de marque de Manpower pendant près de 40 ans.

1969 marque un tournant dans l’histoire de l’intérim en France. Après une très rude négociation, Michaël Grunelius arrive à un accord avec la CGT qui ouvre la voie vers la loi de 1972 rendant le travail intérimaire légal et reconnu par les pouvoirs publics. En 1983, Manpower innove encore : c’est la première entreprise de travail temporaire à lancer une campagne de publicité à la télévision, avec le film "le Puzzle" qui marquera toute une génération. En 1986, la 400ème agence est inaugurée, en 1995, la 600ème. En 2001, Michaël Grunelius se retire de ses fonctions exécutives, et prend la présidence du Conseil de Surveillance de Manpower France.

Du travail et des hommes"Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur Michaël Grunelius comme dirigeant de Manpower France pendant 44 ans, commente alors Jeffrey Joerres. Tout au long de ces quatre dernières décennies, il a permis à des millions de personnes en France de trouver du travail." Ces quatre décennies de combats, il les raconte en détails dans ses Mémoires, un livre dense et passionnant publié chez Perrin en 2003 : Du travail et des hommes : l'aventure de Manpower. L’aventure de Manpower et l’aventure d’un homme exceptionnel, intimement et définitivement mêlées.

 

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